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Picage médical

Gris du gabon
Le picage correspond au fait de s'arracher les plumes, voire la peau. Ce syndrome est également appelé "Feather Picking Disease" en anglais. C'est un sujet très vaste qui comporte des causes médicales et des causes comportementales, ainsi il me semblait impensable d'écrire un article unique. Voici donc le 2ème article sur le picage, pour parler des causes médicales (liste non exhaustive).
 

Mon perroquet se pique, c'est qu'il s'ennuie

Nous l'avons vu dans notre précédent article, il existe de nombreuses causes comportementales à l'origine de picage : frustration sexuelle, ennui, un stress de changement d'environnement... C'est d'ailleurs ce qui est le plus développé sur internet et sur les forums, et il est plutôt difficile de trouver des informations sur les raisons médicales, qui sont nombreuses !

Le but de cet article est donc de vous faire connaître ces causes médicales, bien qu'il soit difficile d'en faire une liste exhaustive. Il est recommandé d'exclure ces maladies avant de conclure à une cause comportementale. Si la totalité des propriétaires de perroquet atteint de picage exploraient ces causes, nous serions probablement surpris du nombre de maladies mise en évidence ! Bien sûr il convient de rester pragmatique dans les recherches de causes, mais serions nous de bons praticiens si notre réponse était "votre perroquet est stressé" de manière empirique sans vous proposer d'examen ?

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Retrouvez les aventures de l'adorable Chicken Man sur Instagram

Les maladies de peau

 
  • L'hypovitaminose A :

c'est la première cause d'anomalie cutanée chez les perroquets, qui sont finalement assez peu infestés de parasites cutanés. La carence en vitamine A est secondaire à un régime pauvre en aliment frais et généralement basé sur un mélange de graines. Les graines pour oiseaux du marché étant carencées en vitamine (voir mon article), les cellules de la peau s'en trouvent modifiées : on parle d'hyperkératose de l'épithelium. En pratique, cette carence affecte également les muqueuses oculaires et respiratoires avec une baisse d'immunité dans toutes ces muqueuses.

  • Les parasitoses :

elles sont peu fréquente chez les perroquets de compagnie mais les gales (Cnemidocoptes pilae), les poux rouges (dermanyssus gallinae), les pseudo-gales existent chez ces oiseaux.

  • Les allergies ou irritations cutanées :

une eau trop calcaire, un produit irritant ou une allergie peuvent être à l'origine d'une irritation de la peau la rendant prurigineuse

  • Dermatite bactérienne :

il peut s'agir d'une pyodermite à Staphylococcus spp. , et dans de plus rares cas d'une mycobactériose. Les inséparables sont plus fréquemment atteints par la dermatite ulcérative à Staphylocoques, qui peut parfois nécessiter des anti-histaminiques durant toute la vie de l'oiseau !

  • Dermatite fongique :

il est possible d'observer des folliculites causée par des champignons de type Malassezia, Aspergillus ou Candida. Généralement, ces levures se développent excessivement chez des oiseaux carencés en vitamines.

  • Néoplasie cutanée :

il s'agit des tumeurs cutanées, qui sont considérées comme rares chez les perroquets, comme les xanthomes, lipomes, épithélioma spinocellulaire. Les lipomes sont plus fréquent chez les perruches ondulées qui présentent un régime trop riche en graisse.

 

Les douleurs et masses coelomiques

  • L'hépatomégalie :

il s'agit d'une taille anormalement grande du foie du fait le plus souvent d'une surcharge graisseuse. Cette lipidose hépatique ("foie gras") est une conséquence directe du régime tout graine où l'oiseau sélectionne en priorité les graines les plus grasses jusqu'à dépasser la capacité d'élimination du foie.

  • La néphromégalie :

dans ce cas c'est le rein qui augmente de taille, suite à une atteinte virale (maladie de Pacheco), une atteinte bactérienne ou inflammatoire (glomérulonéphrite).

  • La rétention d'oeufs et la péritonite par les oeufs :

La présence d'un oeuf tombé hors du salpynx (l'équivalent de l'utérus des perroquets) produit une inflammation du coelome appelée péritonite. Dans certains cas, l'oeuf se situe à la bonne place anatomique mais ne peut pas sortir pour des raisons variées (oeuf malformé, carence en calcium, infection du salpynx...) et l'inconfort peut mener à du picage.

L'ascite :

la présence de liquide dans le coelome, souvent liée à une maladie cardiaque, peut également venir gonfler le "ventre" de votre perroquet et le pousser à se piquer.

  • Les corps étrangers et l'intoxication au plomb :

l'ingestion d'un corps étranger peut être à l'origine d'un inconfort tout comme l'intoxication au plomb qui ralentit le transit et peut causer des entérites.

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Particules métalliques chez un diamant mandarin

  • Douleur osseuse :

dans le cas d'une fracture, d'une ostéomyélite (infection osseuse), le picage sera généralement plus localisé.

Les causes infectieuses

  • La chlamydophilose :

cette infection bactérienne peut être portée de manière chronique sans symptôme évident. Les symptômes possibles sont une conjonctivite, des fientes diarrhéiques verdâtres, une faiblesse ou des difficultés respiratoires.Elle peut se dépister par sérologie ou par PCR dans les fientes (attention néanmoins à la sécrétion intermittente).

  • La PBFD :

ce Circovirus appelé "maladie du bec et des plumes" provoque des anomalies de production de la kératine, qui est le composant principal des plumes et du bec. Outre les anomalies de pousse de plume (hémorragie, arrêt de la pousse à un stade unique pour toute les plumes) et du bec (bec déformé), le perroquet peut finir totalement déplumé (connaissez vous l'Instagram Rhea The Naked Birdie ?). Les oiseaux asymptomatiques et les décès sont également fréquents, en particulier chez les jeunes oiseaux chez qui on observe une mort subite. Elle se diagnostique par PCR.

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Rhéa, une petite inséparable déplumée suite à la PBFD

  • La polyomavirose :

Ce virus présente une forme aigüe et une forme chronique. Une mortalité au nid est possible, mais également un état plus frustre avec du sang dans les fientes ou un retard de repousse du plumage. Cette maladie est mortelle car elle amenuise les défenses immunitaires conduisant à des infections secondaires bactériennes, virales, parasitaires. Très souvent l'infection par ce virus passe totalement inaperçue et un oiseau contaminé demeure capable de transmettre la maladie aux autres oiseaux qui sont en contact avec lui.

  • La PDD ou maladie de dilatation du proventricule :

cette maladie, comme son nom l'indique, est à l'origine d'une dilatation de l'un des "estomacs" du perroquet, le proventricule. Le virus responsable est appelé bornavirus et cause une inflammation chronique à l'origine d'une maldigestion malabsorption, et parfois également de symptômes neurologiques. Des graines non digérées peuvent être retrouvées dans les fientes, des régurgitations peuvent survenir, des boiteries ou un déséquilibre (ataxie) d'origine neurologique. Le picage et l'absence totale de symptôme est aussi possible. La sérologie ou la biopsie de la paroi du jabot permettent le diagnostic.

  • Infections diverses du tube digestif, des sacs aériens et du salpynx :

L'entérite est une contamination bactérienne, parasitaire ou fongique souvent secondaire à un déséquilibre nutritionnel est possible et peut mener à du picage suite à l'inconfort ressenti par l'oiseau. Dans le cas de la salpingite, s'agit d'une infection du tractus génital, l'équivalent de l'utérus chez les oiseaux femelle. Cette situation peut être mise en évidence en radiographie. Un abcès coelomique peut également survenir et causer cet inconfort, tout comme les aérosacculites, qui sont des atteintes des sacs aériens par des bactéries (mycoplasmes, E Coli) ou des champignons (aspergillose en tête).

Autres causes

  • L'hypothyroïdie :

tout comme d'autres perturbations hormonales, l'hypothyroïdie peut causer une anomalie de pousse des plumes, qui se trouvent stoppées dans leur croissance à un stade précoce. Ce phénomène peut être à l'origine de picage, bien que cela soit une cause rare. L'observation du plumage restant est donc essentielle pour orienter les examens complémentaires.

  • L'hypocalcémie :

elle a également été décrite comme une cause possible de picage. Elle est particulièrement fréquente chez le Gris du Gabon, chez qui elle peut même causer des convulsions.

Comment orienter les examens ?

Les examens proposés seront différents selon l'examen clinique réalisé. En effet, si la peau semble anormale, si elle présente des squames (pellicules), ce seront en premier lieu des examens cutanés qui seront réalisés : raclage cutané, calque cutané, biopsie de peau. Si des anomalies de pousse des plumes sont constatées, on pourra s'orienter vers la recherche de PBFD, d'hypothyroïdie.

Un examen clinique détaillé est ainsi indispensable. Celui-ci étant assez limité du fait de l'anatomie des oiseaux, la réalisation d'une radiographie est rarement évitable. Selon les résultats de cet examen, des prises de sang peuvent être réalisées pour l'exploration des autres causes.

Quel traitement ?

Le traitement du picage comporte 3 objectifs :

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Ces 3 aspects sont complémentaires dans l'approche du picage, et il vaut mieux focaliser sur les 3 aspects dès le démarrage pour se donner les meilleures chances de résolution. Bien sûr, il y a la recherche et l'élimination de la cause, mais ce n'est pas la seule étape.  En effet, nous avons déjà vu que le picage était un phénomène qui s'auto-entretient car l'oiseau développe une forme de dépendance au picage. Il convient donc de prendre cet aspect en compte en cherchant à apaiser l'oiseau, car le picage comporte un effet rassurant pour lui et certains ne cessent jamais de se piquer même lorsque la cause est résolue ! Pour cela, les comportements vis à vis de lui sont adaptés, et certaines molécules peuvent être utilisées, jusqu'aux anti-dépresseurs pour certains.

De plus, le fait de se piquer cause un état inflammatoire de la peau de celle-ci et parfois des surinfections, qui entretiennent le picage. Retrouver une qualité de peau et de plumage correcte est alors nécessaire à l'arrêt du picage. Pour cela, la première mesure est une transition alimentaire pour éviter les carences en vitamine A. L'utilisation d'un spray à l'Aloe Vera (comme l'Avirain) peut aider à apaiser la peau, et parfois certains anti inflammatoires. Dans certains cas, un antibiotique est aussi nécessaire car la peau est surinfectée. 

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Le traitement de la cause dépend ensuite de ce qui a été diagnostiqué : mise en place de foraging, traitement antibiotique ou antifongique pour les entéries, aérosacculites, salpingites, injections d'ocytocine ou chirurgie pour les rétentions d'oeufs, traitement antiparasitaire pour les parasitoses (IVOMEC par exemple), cure de vitamine en complément de la transition alimentaire lors d'hypovitaminose A, traitement de soutient du foie lors d'hépatite... De nombreuses maladies citées ci-dessus n'ayant pas de réel traitement (PBFD, PDD...), nous sommes parfois limités à la gestion des 2 autres chapitres.

Et la prévention dans tout ça ?

Vous l'avez noté à travers ce site, mon principal objectif est de vous accompagner dans la prévention des maladies de vos perroquets.

Concernant le picage, la première prévention est un équilibre environnemental et relationnel, dont vous pourrez trouver les éléments dans l'article picage comportemental, l'article enrichissement.

La deuxième prévention est à la fois toute bête et difficile à instaurer, et il s'agit de l'équilibre nutritionnel de votre oiseau. Il est essentiel pour une bonne qualité de plumage, de la peau et des muqueuses, et contribue à un statut immunitaire satisfaisant pour votre perroquet. Nous savons aujourd'hui que le picage est une maladie multifactorielle, et qu'il vaut mieux "prévenir sur tous les fronts" pour empêcher son apparition. Pour vous aider à la transition alimentaire, c'est par ici.

Comme les oiseaux ne montrent souvent leurs symptômes qu'à des états de santé graves, il est essentiel d'axer la médecine aviaire sur le dépistage et la prévention des maladies et c'est notre 3ème axe de prévention. C'est d'ailleurs tout le sujet de mon article sur la 1ère visite vétérinaire. Un picage lié à une chlamydiose aurait probablement pu être évité par exemple en cas de dépistage tous les ans !

Sources

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