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Les tumeurs mammaires des rattes

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Les tumeurs mammaires des rattes font partie des grandes prédominantes pathologiques de la médecine des rongeurs. Quel propriétaire de rat n'a jamais fait face à cette situation ?

Reprenons quelques actualités ici !

Les tumeurs mammaires apparaissent sous forme de "boules" palpées sous la peau. Leur croissance peut être plus ou moins rapide selon la nature de la tumeur, bénigne ou maligne. La particularité des rats est la répartition très extensive de leur tissu mammaire. Ainsi les tumeurs mammaires peuvent avoir des localisations un peu surprenantes pour les personnes qui ne connaissent pas bien les rats : au milieu des pattes avant, juste à côté de la queue en arrière de la cuisse, sur le flanc... C'est pourquoi une consultation vétérinaire est recommandée dès lors que vous palpez une masse sous cutanée chez votre ratte. 

 

En pratique, les études semblent montrer une large prédominance des tumeurs bénignes (75% des cas), avec 53% de fibroadénome, 12% de carcinomes, et un taux global de malignité de 12% (VERGNEAU GROSSET 2019). Des ulcérations et une douleur (manifestée par du léchage, de l'auto mutilation) peuvent être présents lors de tumeur mammaire. Il faut dans ce cas consulter pour éviter les surinfections liées au léchage. 

 

Dans certains cas, les tumeurs mammaires peuvent être associées à d'autres symptômes : abattement, difficulté à s'alimenter, incoordination des mouvements (au départ, souvent des membres antérieurs), changement de comportement... Si cela vous évoque quelque chose, peut être avez vous déjà eu un rat atteint de tumeur pituitaire (voir mon article sur le sujet) ou adénome hypophysaire. Cependant, même en l'absence de symptômes, la concomittance d'un adénome hypophysaire est fréquent, dans 75% des cas !

Tete penchee rat

 

 

 

 

Lors de la palpation d'une masse sous cutanée, 2 approches peuvent être proposées

  • 1/Cytoponction sous anesthésie : l'envoi d'une cytologie en laboratoire permet une orientation diagnostique vers une masse bénigne ou maligne. Cette analyse ne permet pas de donner un diagnostic de certitude, car elle est réalisée sur un envoi d'un échantillon de cellules, et non sur la tumeur entière. Sa réalisation permet cependant de vérifier si c'est bien la mamelle qui est impliquée dans la masse prélevée, et de prescrire un bilan d'extension adapté (radiographie de thorax en cas de tumeur mammaire, échographie abdominale en cas de mastocytome par exemple...). En effet, l'exérèse chirurgicale d'une masse ayant métastasé (on parle alors de cancer) n'améliore pas l'espérance de survie de l'animal. La chirurgie serait alors palliative (absence de douleur) et le risque de récidive élevé. 
  • 2/Exérèse de la masse et analyse histologique : la chirurgie permet alors l'analyse de la masse en totalité et un diagnostic de certitude sous 2-3 semaines. Un bilan d'extension peut ensuite être proposé en fonction de la nature de la masse. 

 

Pour exclure un adénome hypophysaire concomittant, il faudrait réaliser un scanner ou IRM (voir image ci dessous). Un traitement probabiliste est souvent choisi, du fait du coût de réalisation de cet examen. 

Rat tumeur pituitaire irm

Le traitement est chirurgical. Pour connaître le risque de récidive local, une analyse histologique de la masse permet de déterminer si celle-ci est bénigne ou maligne

Cependant, comme nous l'avons évoqué plus haut, le tissu mammaire étant très extensif, il est peu réaliste de le retirer en entier, et le risque de nouvelle tumeur mammaire reste élevé quelque soit la nature initiale de la masse mammaire retirée.  En effet, une étude a montré un taux de récidive supérieur à 75% dans une période de 1 à 8 mois d'après l'étude du Dr VERGNEAU GROSSET (J Am Vet Med Assoc, 2016) ! Les tumeurs bénignes étant la majorité, une nouvelle masse est souvent suspectée d'être une nouvelle tumeur, et non une récidive de la masse opérée. 

Rats rex

En raison de la forte association des tumeurs mammaires avec l'adénome hypophysaire, il est conseillé de prescrire un traitement contre cette hypothèse en parallèle de l'opération, la cabergoline. L'inhibition de synthèse de prolactine pourrait en effet potentiellement limiter le risque de récidive. 

 

La pose d'un implant de stérilisation chimique SUPRELORIN 4,7 mg n'a pas montré d'intérêt dans la gestion des récidives de tumeur mammaire (VERGNEAU GROSSET 2019)

 

Une stérilisation chirurgicale (ovariectomie) réalisée entre 5 et 7 mois réduit le risque spontanée de 73,8% à 5,3% d'après l'étude de PLANAS-SILVA, RUTHERFORD et STONE (Cancer Detect Prev, 2008). 

La pose d'un implant de desloréline, qui produit une stérilisation chimique, est une piste intéressante également, car le risque anesthésique et opératoire est largement diminé par rapport à la stérilisation chirurgicale. Une étude préliminaire du Dr VERGNEAU GROSSET a montré une durée d'action moyenne de 1 an.  Son efficacité dans la prévention des tumeurs mammaires chez le rat n'est pas prouvée à ce jour. 

Rat 1

 

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