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Faire stériliser sa cobaye ?

Par Le 13/03/2024

Dans NACemergency

Par Alice Sevrain et Mélanie Coquelle

La stérilisation est toujours fortement recommandée pour les lapines pour prévenir les risques de tumeurs utérines, mais il est moins fréquent d'aborder la question d'une stérilisation préventive. Quelles sont les recommandations actuelles ? Quelle technique chirurgicale recommander ? La réponse ici !

 

A l'instar des autres rongeurs, le cochon d'inde peut souffrir de plusieurs atteintes du tractus reproducteur. Parmis elles, la présence de kystes ovariens est la plus fréquente, avec 66 à 75% des cochons d'inde femelles atteintes âgées de 3 mois à 5 ans au moment du diagnostic ! La plupart de ces kystes sont non sécrétants, appelés kystes folliculaires. Leur taille peut être impressionnante, jusqu'à 7 cm de diamètre ! Pour les kystes folliculaires, ils peuvent être à l'origine de symptômes : 

  • généraux : abattement, baisse d'appétit, anorexie, perte ou prise de poids
  • gastro intestinaux : distension abdominale, douleur, ralentissement de transit
  • respiratoires : du fait de l'effet de masse important joué par les kystes

Les kystes sécrétants peuvent quant à eux être à l'origine d'une perte de poils symétrique démarrant sur les flancs, et plus rarement des pertes vulvaires, un épaisissement de la peau des mamelles (qui apparaissent un peu croûteuses), une hypertrophie du clitoris, des chevauchements et vocalisations...  

Des modifications de l'utérus sont aussi décrites chez le cochon d'inde : atteinte tumorale bénigne (léiomyome), endométriose, hyperplasie kystique de l'endomètre... Les léiomyomes peuvent atteindre des tailles impressionnantes et provoquer des adhérences avec la vessie, le côlon, provoquant un inconfort et de potentiels troubles digestifs.  

Ce sont toutes ces pathologies que la stérilisation permet de prévenir ! En effet, le pronostic sera bien meilleure pour votre petite protégée si elle est opérée en parfaite santé. Etant donné la forte prévalence de ces maladies, une échographie préalable à la stérilisation est recommandée pour des petites femelles atteintes de plus de 2-3 ans.

 

Deux techniques sont décrites :

  • un abord par la ligne blanche, comme cela se fait pour le lapin, le chat
  • un abord par les flancs

L'intérêt de l'ovariectomie par les flancs est une meilleure visualisation et une meilleure accessibilité de l'ovaire, qui est profond dans la cavité abdominale et retenu par un ligament suspenseur de l'ovaire assez rigide. La chirurgie est donc beaucoup plus rapide et génère moins de tension sur ce ligament, et est ainsi mieux tolérée par l'animal. La récupération post opératoire est meilleure de ce fait et également car la masse digestive n'a pas besoin d'être manipulée, et le risque d'éventration supprimé. 

 

Cette technique est choisie en priorité pour les chirurgies préventives lorsque la cochon d'inde est stérilisée jeune. Ses inconvénients sont l'absence de visualisation des anomalies utérines éventuelles, la réalisation d'une incision de grande taille en cas d'hystérectomie (retrait de l'utérus) ou de kystes ovariens de grande taille. Les lésions musculaires sont aussi plus importantes que lors de la chirurgie par la ligne blanche, qui utilise cette région fibreuse plutôt qu'une incision musculaire sur le flanc. Enfin, en cas d'hémorragie, la visualisation sera insuffisante par cette technique et une stérilisation par la ligne blanche nécessaire.

 

Si la patiente est déjà âgée de plus de 8 mois, une ovario hystérectomie par les flancs peut également être proposée. L’abord est le même, par les flancs. Il est possible de ne réaliser qu’une seule incision sur un côté du corps de l’animal pour retirer les ovaires et l’utérus par une seule ouverture. Il est plus facile de pratique un abord sur le flanc droit puis gauche.
 

Cela va dépendre de la pathologie décrite. En cas de kyste ovarien, la chirurgie par les flancs peut être proposée. Lors d'atteinte utérine, l'abord par les flancs peut se révéler difficile car les léiomyomes se localisent souvent en région très caudale de l'abdomen. Dans ce cas, une stérilisation par la ligne blanche est recommandée pour une meilleure visualisation. L'utilisation d'un fil tressé 2-0 peut être nécessaire car l'utérus présente une consistance fibreuse. 

L'analgésie est à monitorer avec soin et à ajuster à l'espèce. Une extrapôlation des doses utilisées chez le lapin ne pourra en effet pas suffir, car le cochon d'inde a besoin de doses de 200 µg/kg toutes les 6h par voie IV ou transmucosale (SADAR, AJVR 2018) Retrouvez aussi la formation CapDouleur par ici). La méthadone ou la morphine peuvent également être utilisées par voie IM, SC (ou IV lente) toutes les 4h à la dose de 1-2 mg/kg

 

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