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Prendre soin de votre NAC âgé

Mélanie Coquelle Par Le 22/08/2021

Dans Culture NAC

La médecine des NACs est en plein essor et leur espérance de vie augmente progressivement. Les maladies gériatriques sont ainsi plus fréquentes en consultation.

Franck lapin age

Ces boules de poils prennent une place énorme dans vos familles et vous êtes de plus en plus nombreux à demander des conseils sur l’entretien de votre animal vieillissant ou à rechercher comment accompagner au mieux la fin de vie de votre compagnon. Si vous voulez connaître nos recommandations en termes d’entretien et de surveillance médicale de vos petits mammifères, c’est par ici !

Les espèces de petits mammifères faisant partie de la grande famille des NAC sont très variées et leurs espérances de vie le sont tout autant. Le tableau ci-contre répertorie les fourchettes de longévité de certaines espèces rencontrées fréquemment en consultation.

L’animal est considéré gériatrique plus ou moins à la moitié de son espérance de vie. A partir de cet âge-là, la mise en place de consultations gériatriques est vivement conseillée pour diagnostiquer le plus tôt possible d’éventuelles pathologies.

Tableau esperance vie lauriane

Pour le lapin, on le placera donc dans les seniors à partir de l'âge de 5-6 ans.

 

 

 

  • Les calories et l'usure dentaire

En vieillissant, votre animal est moins actif et aura besoin d’un apport calorique moins important afin de lutter contre le risque d’obésité et de garantir une bonne santé rénale et gastro-intestinale.

Augmenter la part de foin et de verdure et diminuer la quantité de granulés et de friandises permet un apport de fibres plus important et de diminuer la quantité de sucre aidant à maintenir

- un microbiote adapté

- une usure correcte des dents

- une bonne motilité gastro intestinale (et donc un bon transit)

Verdure fraîche

  • L'hydratation

Les légumes permettent également un apport d'eau conséquent, qui favorise une bonne hydratation et ainsi une bonne santé rénale. En effet, les maladies rénales sont plus fréquentes avec l'âge et le maintient d'un bon niveau d'hydratation limite les risques de souffrance rénale.

Dans certains cas, il peut être conseillé de proposer à un animal vieillissant un apport supplémentaire avec un aliment destiné à la convalescence (Critical Care®, Emeraid®) au moins une fois par jour. C’est une aide à la bonne hydratation de votre compagnon et la garantie d’un aliment équilibré en minéraux et vitamines et facilement digestible.

  • Les cochons d'inde et la vitamine C

Chez les cochons d’Inde, une supplémentation quotidienne en vitamine C est nécessaire tout au long de la vie de l’animal mais les besoins peuvent augmenter avec l’âge et avec la baisse de l’absorption et de l’assimilation des nutriments dans l’intestin. La dose quotidienne de vitamine C sera donc adaptée par votre vétérinaire en fonction des maladies concomitantes de votre animal. Un apport quotidien en verdure riche en vitamine C (poivron, coriandre, tomate) peut également être intéressant.

Les petits mammifères herbivores sont des « brouteurs » et mangent en baissant la tête. En vieillissant, votre animal aura ainsi tendance à développer des douleurs ostéoarticulaires ou musculaires (arthrose, déformations vertébrales). Ainsi, il est conseillé d’abaisser les points d’alimentation, que votre petit herbivore n’ait pas à lever la tête outre mesure pour s’alimenter et donc de créer des douleurs inutiles. Plutôt qu’un râtelier et un biberon, on préfèrera la mise en place de gamelles lourdes que votre animal ne pourra pas renverser.

 

Pour les mêmes raisons, l’installation d’une litière avec des bords plus bas est conseillée afin de faciliter son utilisation. La mise en place de tapis confortables, permettent également d’apporter un appui sûr à votre animal, est également conseillée. Étant plus sédentaire, il aura besoin de surfaces « douces » pour lutter contre le développement de pododermatites, mais suffisamment fermes pour éviter les pertes d’équilibre.

 

Plus votre compagnon vieillit, moins il sera réceptif aux changements dans son milieu de vie et sera plus sujet au stress. Un environnement stable est donc conseillé. De même, la présence de congénères peut aider à diminuer le stress et stimuler l’activité de votre animal. Mais l’introduction d’un nouvel individu peut être à double tranchant et les animaux peuvent ne pas s’entendre, vous obligeant alors à les héberger séparément. Certaines espèces, comme le chinchilla, étant plus solitaires, l’introduction d’un congénère est à éviter sauf s’il en avait déjà un et qu’il est décédé.

Enfin, il est conseillé de maintenir une activité physique pour votre petit protégé afin de lutter contre la sédentarité et l’obésité. A travers les jeux et l’enrichissement de l’environnement, vous avez également l’occasion de continuer à le stimuler mentalement. La présence d’un congénère plus jeune peut également pousser votre animal à faire de l’exercice.

N’hésitez pas à demander à votre vétérinaire de vous apprendre les gestes pour examiner régulièrement vous-même plusieurs éléments sur votre animal à la maison entre deux consultations. Un dépistage précoce des maladies  favorise une prise en charge optimale et peut parfois améliorer le pronostic. Voici un tableau récapitulant les éléments à vérifier et à quelle fréquence.

Tableau surveillance medicale

Votre animal vieillissant sera moins capable de se toiletter. L’obésité, les douleurs ostéoarticulaires, les déformations vertébrales et les pododermatites sont tout autant de problèmes pouvant limiter la souplesse et la mobilité d’un individu et donc sa capacité à se nettoyer. Il sera donc peut être nécessaire que vous l’aidiez, notamment s'il souffre de malpropreté ou d’incontinence. Le brossage, le retrait des bourres de poils, le nettoyage de la zone ano-génitale ou des surfaces podales si elles sont souillées par des déjections, ainsi que la coupe des griffes sont tout autant d’actes que vous pourrez être amenés à faire s’il n’en est plus capable.

 

Dans le cas des espèces se lavant grâce à un bain de sable (chinchilla, gerbille, octodon), si l’individu n’est plus capable de se rouler dedans, il faudra l’aider afin d’éviter que son pelage ne graisse et perde son intégrité. Si tel était le cas, cela impacterait sa capacité de thermorégulation. 

  • L’âge n’est pas une maladie

Le fait de dormir plus et de perdre du poids ne doit pas être considéré comme normal. Augmenter le nombre de consultations à partir d’un certain âge permettra à votre vétérinaire de détecter d’éventuelles anomalies comme celles-là et que vous n’auriez pas forcément détectées à la maison. Un diagnostic précoce, notamment dans le cadre d’une maladie chronique, permet de mettre en place un traitement adapté avant que votre animal ne décompense, et de se donner les meilleures chances de maintenir un bon état général. Cela prolongera son espérance de vie et son confort

 

  • Deux à trois bilans par an

permettent d’avoir une bonne idée de l’état de santé de votre animal, de mettre en place des plans de prévention vis-à-vis de certaines maladies à venir et/ou de faire un suivi assidu des affections préexistantes. C’est aussi l’occasion pour votre vétérinaire de mieux connaître son patient et de mieux vous guider dans l’entretien et de la surveillance de votre animal ou dans la prise de décision pour la fin de vie de votre animal.

Lors de la consultation votre vétérinaire fera un examen clinique complet du bout du nez au bout de la queue. Il portera une attention particulière au poids, à la posture et à la mobilité de votre animal, à l’auscultation cardio-thoracique et abdominale (bruits digestifs), examen dentaire (palpation des mâchoires et observation de la cavité buccale), palpation du cou, examen des surfaces podales et de la zone ano-génitale.

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Prélèvement d'urine par cystocentèse échoguidée

 

  • Examens complémentaires

Ils permettent d'évaluer le fonctionnement des organes internes, explorer l’origine et la nature d’une masse cutanée, faire un point sur l’immunité du patient… Des examens sanguins (biochimie, numération formule…), des examens d’imagerie (radiographie, échographie, scanner…) ou des examens de cytologie et d’histologie font partie de l’arsenal diagnostic mis à disposition de votre animal chez votre vétérinaire ou dans les cliniques de référé.

 

  • Accompagner la fin de vie

Les problèmes de qualité de vie peuvent également être abordés lors de ces visites, permettant ainsi d’anticiper les scénarios les plus difficiles. D’une manière générale, les facteurs à surveiller pour évaluer la qualité de vie de votre boule de poils sont l’appétit, l’activité ou le transit. Lorsqu’aucun traitement ne permet d’améliorer ces points, l’éventualité d’une euthanasie doit être envisagée.

Présentation de l'auteure et Bibliographie

La Docteure Lauriane DEVAUX, vétérinaire exclusive NAC , propose une consultation petits mamifères, oiseaux et reptile itinérante en Loire Atlantique et Bretagne. 

Buse de harris presentee pour suspicion d aspergillose par son veterinaire traitant 2h30 de route

C'est au cours de notre année d'assistanat NAC au CHV Fregis auprès du Dr Huynh que nous nous sommes rencontrées. Par la suite, elle a été clinicienne NAC de l'Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes (Oniris), a suivi un Master appliqué en médecine et chirurgie des animaux exotiques captifs et de la faune sauvage, pour se lancer dans l'aventure itinérante depuis 2019.

Elle tient le blog NAC Atlan Vet et est l'auteur de nombreuses publications en France et à l'étranger. 

 

Bibliographie 

1 – BAYS TB. Geriatric care of Rabbits, Guinea Pigs and Chinchillas. Vet Clin Exot Anim. 2020 ; 23 : 567-593.

2 – REAVILL DR. Pathology of diseases of geriatric exotic mammals. Vet Clin Exot Anim. 2020 ; 23 : 651-684.

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