Les toxiques de vos NACs
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- Le 26/03/2016
- Dans NACemergency
A l'approche du lundi de Pâques et ces célèbres intoxications au chocolat, voici un petit article résumant les différents composés dangereux pour vos NACs et les mesures de sécurité à prendre.
En réalité, la quasi totalité des substances peut se révéler toxique en cas d'exposition prolongée ou de consommation répétée, ainsi il est recommandé de contrôler tout ce à quoi votre NAC peut avoir accès. En effet, du fait de leur comportement exploratoire (furet et oiseau) et leur tendance à ronger (lagomorphes et rongeurs), ils pourraient bien vous surprendre en ouvrant des dispositifs de sécurité pour enfant. Certains toxiques causeront des symptômes après plusieurs mois ou années, comme par exemple le plomb contenu dans les peintures anciennes.
Les voies de contamination
- Voie orale
Les animaux peuvent s'intoxiquer en mangeant certaines substances, par exemple lors qu'un aliment contient une toxine suite à une altération des matières premières mal contrôlées par le fabriquant. Certains aliments industriels déséquilibrés peuvent également causer des symptômes, comme lors d'hyper vitaminose D3. Une attention particulière est à porter aux aliments frais du jardin, qui doivent être bien lavés car ils ne sont pas contrôlés par des organismes sanitaires avant d'être distribués, et peuvent être contaminés par différents produits.
- Voie transdermique
Un animal peut subir une toxicité par un produit déposé sur ce qu'il dort, contre lequel il se frotte, ou dissous dans une eau dans laquelle il aurait nagé. Le contact est soit direct avec la peau soit par ingestion lors du toilettage.
- Voie respiratoire
Les oiseaux sont particulièrement sensibles aux gaz du fait de leur appareil respiratoire très performant. Les poissons, quant à eux, sont souvent intoxiqués par une eau de mauvaise qualité. Une analyse d'eau est souvent recommandée lors d'une consultation chez votre vétérinaire, qui vous conseillera d'amener vos poissons dans une partie de l'eau de leur aquarium.
Les produits de traitement : pesticides et médicaments...
- Les pesticides
Insecticides (jardinerie, antiparasitaires externes)
De nombreux insecticides utilisés en agriculture possèdent une toxicité pour vos animaux de compagnie : le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane) qui n'est normalement plus autorisé, les organophosphates et carbamates, ainsi l'imidaclopride et les pyréthrinoïdes sont utilisés par certains agriculteurs et jardiniers amateurs. Ces derniers, dont la perméthrine de l'ADVANTIX, sont particulièrement toxiques pour les poissons et pour le chat. Elle est par contre utilisable chez le lapin.
Certains insecticides sont utilisés comme antiparasitaires externes (= APE), attention à ne pas extrapôler le traitement de votre chat ou chien ! Un antiparasitaire est prescrit et dosé par votre vétérinaire afin de garantir une utilisation sécuritaire :
- Le Fipronil (FRONTLINE) est très toxique pour le lapin : irritations du tractus digestif, convulsions, décès...
- L'imidaclopride (ADVOCATE, ADVANTIX, ADVANTAGE) est un très bon APE mais ATTENTION AUX DOSES ! En effet, un surdosage peut causer une intoxication à l'origine de symptômes neurologiques, d'une hyperalivation, de vomissement et diarrhée.
- L'ivermectine et la sélamectine (IVOMEC et STRONGHOLD) sont déconseillés pour les tortues, certains lézards et serpents qui y sont très sensible et présentent des signes neurologiques.
Raticides
Même lorsqu'ils sont placés dans de petits habitacles en plastiques, les NACs peuvent souvent y accéder ou les ouvrir. Il arrive également d'observer des intoxications lorsque des carnivores consomment des proies contaminées. Les produits à base d'anti-vitamine K possèdent un antidote, ce qui n'est pas le cas de ceux à base de brométhaline et cholécalciférol.
Herbicides et algicides
Il ont généralement une faible toxicité pour les animaux. Certaines mortalités chez les poissons leur ont été attribuées mais pourraient davantage être lié à un faible niveau d'oxygène dissous dans l'eau suite à la mort des algues.
Engrais
Ils peuvent être consommés par les NACs car ils contiennent souvent du sang, des os, du poisson qui les rendent appétents. Ils peuvent aussi contaminer l'eau de boisson. Il vaut donc mieux rincer les aliments avant de les distribuer.
- Les médicaments
Les anti-inflammatoires
Deux grandes catégories d'anti-inflammatoire existent : les stéroïdiens, ou corticoïdes, et les non stéroïdiens (AINS). Nous sommes habitués à l'utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens de manière courante, comme l'ibuprofène (ADVIL, ANTARENE...) et le paracétamol (DOLIPRANE) qui ne nécessitent pas de prescription, cependant ces molécules peuvent être dangereuses pour vos NACs.
Les AINS sont utilisés avec précaution pour le furet et les oiseaux carnivores comme les rapaces, car ils y sont très sensibles : vomissements, diarrhées avec des ulcérations digestives, mais également des conséquences rénales et neurologiques lors de surdosage. Un dosage précautionneux du meloxicam (METACAM) est indispensable, et éventuellement la mise en place d'un pansement gastrique. L'ibuprofène (ADVIL, ANTARENE) est très souvent à l'origine d'intoxication chez cette espèce, comme pour le chien et le chat, en causant des ulcères gastriques et intestinaux. Chez les rapaces, une très grande sensibilité est décrite au diclofénac (ANTACALM).
Le paracétamol (DOLIPRANE) est à PROSCRIRE car il est très toxique pour vos carnivores domestiques à n'importe quelle dose. En effet, il provoque une méthémoglobinémie, qui se manifeste par un sang brun-chocolat (couleur que l'on retrouve au niveau des gencives), une diminution de l’appétit, des vomissements, une salivation excessive, un abattement, une hypothermie, une insuffisance hépatique à l'origine d'un ictère (jaunisse), quelquefois un œdème (gonflement) de la face et du cou ou des membres antérieurs. Les décès sont nombreux
Concernant les corticoïdes (DERMIPRED, CELESTENE, MICROSOLONE...), le risque de leur utilisation est liée à leur effet immunosuppresseur, qui survient à très faible dose chez les NACs. Ces animaux présentant souvent des infections asymptomatiques (pasteurellose du lapin, mycoplasmose du rat, aspergillose de l'oiseau...). Il faut donc toujours les precrire avec précautions, après avoir pesé le pour et le contre (balance "bénéfice-risque"). C'est particulièrement vrai chez l'oiseau, chez qui il a été montré qu'une injection de corticoïde provoquait une aspergillose (100% des cas dans une étude expérimentale chez le pigeon). Chez le lapin, ce sont des entérites, des entérotoxémies et des pancréatites qui sont observés sur des traitements longs, et des nécrose de la tête fémorale lors d'utilisation d'un dosage important.
Les antibiotiques
Certains antibiotiques ne sont pas utilisables chez les rongeurs et lagomorphes alors qu'ils sont complètement sans danger pour les carnivores domestiques. Cela est du au fait qu'ils ciblent certaines bactéries qui peuplent un appareil digestif sain de rongeur. Ils déséquilibrent alors cette flore bactérienne (dysbiose) et peuvent ainsi provoquer des entérites (diarrhée) et des entérotoxémies, qui sont liées à la prolifération anormale de la bactérie Clostridium difficile. qui sécrète une endotoxine mortelle. Ainsi, les Pénicillines, céphalosporines et macrolides ne devraient jamais être utilisés par voie orale chez ces animaux (les injections sont parfois possibles). Les antibiotiques de la famille des aminoglycosides ont quant à eux des effets rénaux.
Mon article complet sur les antibiotiques dangereux ici
Autres molécules
Certains antifongiques peuvent être mal tolérés, comme par exemple l'itraconazole (ITRAFUNGOL) qui cause des régurgitations chez le Gris du Gabon. La venflaxine (EFFEXOR), un antidépresseur, est quant à lui toxique pour le furet et cause un abattement, des signes neurologiques, une tachycardie et une agitation.
Les toxiques aériens (Téflon, sprays...)
Les vapeurs de téflon (polytétrafluoroéthylène ou fièvre des polymères) dégagée lors de cuisson à plus de 260°C sur une surface non adhérente sont extrêmement toxiques pour les oiseaux. Cette situation ne se présente pas sur une cuisson classique (à titre indicatif, un bol d'eau bouillante est à 100°C, la friture monte à 210°C ), mais une température de 400°C est vite atteinte lorsque la totalité du liquide d'une casserole ou poële est évaporée.
L'utilisation des sprays, aérosols, est déconseillée, tout comme la fumées de cigarette ou les aliments brûlés. Dans ce cas, les symptômes peuvent mettre des jours à des semaines à se développer après l'inhalation. Le monoxyde de carbone, le dioxide de carbone et le cyanide d'hydrogène produisent également des particules irritantes. Un mauvais fonctionnement d'une pompe dans un aquarium peut être liée à des toxiques aérogènes.
Les métaux : métaux lourds et autres
- Le cuivre présente des effets hépatiques chez le lapin, qui se manifestent généralement lors de préparation de l'alimentation dans des casseroles en cuivre ou lors d'ingestion d'eau d'une fontaine en cuivre. Des intoxications au cuivre ont également été décrites chez des reptiles ayant ingéré des pièces de monnaie en cuivre, et chez des poissons lors d'utilisation de produits algicides à base de cuivre ou des antiparasitaires.
Le plomb peut être contenu dans des peintures de revêtements extérieur de maisons anciennes (constuites avant 1978), et peut contaminer les sols environnants. Certaines cages anciennes peuvent également être à l'origine d'une intoxication, comme l'ingestion de viande de proie tuée par des balles de plomb.
Le zinc peut être accessible à des animaux vivants dans des cages aux barreaux galvanisés, ou ayant accès à des vis, agrafes, pinces, boulons... Un nettoyage au vinaigre blanc élimine l'excès de zinc sur un produit neuf. Chez l'oiseau, cette intoxication se manifeste de la même manière que l'intoxication au plomb et la PDD (régurgitation, maldigestion, symptômes neurologiques...).
Le fer peut être à l'origine alimentation supplémentée en fer, engrais contenant du fer, molluscicides avec phosphate ferrique.
Aliments et plantes dans l'environnement
- Plantes et aliments
Les plantes de la famille des lys sont toxiques pour les NACs. Certaines plantes contiennent des cristaux d'oxalate de calcium qui provoquent une douleur et un gonflement de la cavité orale, de l'oesophage et l'estomac, une hypersalivation et une anorexie : l'alocasia, les langues de feu, les ailes d'ange, le dieffenbachia, , les monsteras, la fleur de lune, la rhubarbe. Les bulbes ornementaux et les plantes du genre Allium (ail, oignon..) sont également à laisser hors d'atteinte car ils peuvent causer de sévères symptômes gastro-intestinaux.
Certaines plantes contiennent des substances cardiotoxiques comme les azalées, rhododendrons, laurier, l'if. Les tannins du chêne sont également toxiques car ils dénaturent les protéines cellulaires. Les sagous du japons et fougères arboricoles ont des fruits, graines et feuilles toxiques, et sont à l'origine de symptômes neurologiques, digestifs et hépatotoxiques.
L'avocat est très toxique pour les oiseaux, lapins, souris, cochon d'inde et de nombreuses autres espèces. Il provoque une détresse respiratoire 12h après ingestion, et un hydropéricarde, associé à une mort en 1-2 jours. Les lapins peuvent présenter une mastite non bactérienne.
Les champignons sont parfois difficile à identifier pour distinguer les toxiques, ainsi ils sont déconseillés;
- Animaux
- Mycotoxines
Mesures de sécurité
Je vous recommande donc les mesures de sécurité suivantes :
- éduquer votre famille et vos amis : un composé bon pour vous peut être extrêmement toxique pour votre animal ! Dans le doute, demandez leur de vous poser la question. Un animal ne reconnaît pas ce qui est bon pour lui ou non, nos fameuses intoxications au chocolat le prouvent tous les ans ;-)
- avoir des poubelles lourdes et fermées
- éviter les plantes d'intérieur ou les mettres hors de portée de vos animaux (en hauteur pour les furets, rongeurs, et dans une pièce inaccessible pour les oiseaux !)
- Placer vos produits d'entretien et médicaments dans des placards en hauteur avec des portes fermées et lourdes (car certains petits malins pourraient les ouvrir !)
- Eviter l'usage d'engrais, insecticides et pesticides dans vos jardins si vos animaux ont accès à l'extérieur ou privilégier des balades en harnais
- consulter un vétérinaire NAC pour une prescription raisonnée des médicaments
Sources bibliographies
MADER, DOUGLAS : Reptile Medicine and Surgery, 2nd Edition, Saunders W-B, 2006
LARSEN, SIGGURDSSON et MENCKE : Efficacy of imidacloprid, imidacloprid/permethrin and phoxim for flea control in the Mustelidae (ferrets, mink), Parasitol Res. October 2005;97 Suppl 1(0):S107-S112
Journal of Exotic Pet Medicine

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